Léa BONNAND

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1/ Qui êtes-vous ? Que faîtes-vous ?

 Je m’appelle Léa Bonnand, j’ai 22 ans, je vis à Massy en région parisienne mais je suis originaire de Chassagny, un petit village situé dans le Rhône, proche de Lyon où j’ai également habité pour les études. 

Ma relation avec le tourisme a débuté à l’adolescence. J’ai en effet eu la chance d’être scolarisée dans un collège-lycée nous initiant aux voyages, en France bien sûr mais aussi en Espagne, en Angleterre et jusqu’en Chine. Cette ouverture a renforcé mon intérêt envers les différentes cultures dans le monde, les différentes manières de vivre et de voir le monde, les rapports entre territoires etc. 

Passionnée de géopolitique, de sociologie ou encore d’histoire, j’ai ainsi commencé mes études à Sciences Po Lyon, où j’ai suivi, en plus de la formation générale, un cursus spécialisé sur l’Asie. Celui-ci m’a amené à passer six mois à Shanghai, en 2019-2020. Cette expérience a été un des déclics qui m’a poussé dans la voie que je suis aujourd’hui. En effet, la Chine est un territoire qui regorge de paysages absolument sublimes, de cultures riches, de rencontres et de partage… mais c’est aussi un espace soumis dans certaines villes à de forts problèmes de pollution, comme à Shanghai où je résidais, et à un tourisme massif dans les lieux touristiques.

C’est notamment à la suite de cette expérience que j’ai commencé à m’intéresser de plus près aux thématiques de développement durable et ai ainsi découvert la myriade d’acteurs et d’actions engagés dans le secteur du tourisme pour le rendre plus responsable ; de très nombreux métiers dont je ne soupçonnais pas forcément l’existence. 

J’ai donc commencé à m’engager dans des projets allant en ce sens, notamment en participant à l’élaboration d’une grille des impacts socio-environnementaux des entreprises du territoire lyonnais pour le compte de la Métropole ; ou en dédiant mon mémoire de master 1 au slowtourisme dans les territoires ruraux. 

Dans la suite logique de cette dynamique, j’ai choisi d’intégrer le master Développement et Aménagement Touristique des Territoires à l’Institut de Recherches et d’Etudes Supérieures du Tourisme (IREST)  de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

C’est dans ce cadre que j’intègre aujourd’hui avec beaucoup de motivation et de fierté ATR en tant que stagiaire.

  • Et un bref portrait de votre entreprise, son métier, sa taille, ses principales caractéristiques, ses grandes destinations, sa singularité…

ATR (Agir pour un Tourisme Responsable) est une association née en 2004 qui regroupe aujourd’hui plus de 50 tour-opérateurs, proposant tout types de voyage, engagés dans un tourisme à visage humain. L’association œuvre à promouvoir le tourisme responsable, à le diffuser mais aussi à informer concrètement sur ce qu’il signifie et comment le mettre en œuvre, qu’on soit un professionnel ou un voyageur. 

ATR c’est ainsi un label, qui assure de façon concrète et transparente l’engagement fort des membres labellisés. C’est également la charte éthique du voyageur, qui aide chacun d’entre nous à comprendre comment voyager de façon plus responsable. Enfin, ATR ce sont aussi des outils concrets comme des bonnes pratiques ou des fiches destinations.

 

2/ Pourquoi avoir rejoint ATR ?

J’ai souhaité rejoindre ATR car je voulais m’engager et participer à redéfinir et promouvoir un tourisme plus responsable, qui maitrise et limite ses impacts sociaux et environnementaux notamment. Le tourisme a un potentiel très important pour les territoires et peut être un outil tout à fait formidable ou destructeur selon l’utilisation qui en est faite. Je souhaitais, à mon échelle, ‘agir’. 

Également, j’ai été particulièrement intéressée par ce stage par rapport au projet ATR-E, un projet européen d’éducation des adultes sur le thème du changement climatique (en savoir plus). L’objectif est de mobiliser un réseau d’acteurs européens sensibles au développement durable pour produire ensemble des outils d’éducation des adultes aux enjeux et bonnes pratiques. Je suis persuadée que le succès du tourisme responsable passe par la coopération entre un maximum d’acteurs possibles. 

  • Que représente pour vous le tourisme responsable (en général) ?

Le tourisme responsable est une façon de voyager qui respecte au mieux les enjeux de développement local, de protection de l’environnement et de rencontre avec les populations. Il répond à des problèmes concrets qui sont aujourd’hui posés par la surfréquentation touristique : changement climatique, exploitation locale, surconsommation des ressources naturelles ou encore dégradation des sites etc. Il agit ainsi dans de nombreux domaines : transports, gestion des déchets et des énergies, juste rémunération des parties prenantes, protection du patrimoine culturelle et des traditions etc. 

Le tourisme responsable est une nécessité pour toutes les parties prenantes, que ce soit pour les visités qui doivent être traités avec respect, que pour les touristes qui ne peuvent en tirer qu’une expérience plus riche, ou même pour les acteurs du voyage car leur activité repose sur des ressources naturelles et culturelles aujourd’hui en danger.

  • Et le label ATR en particulier ?

Le label ATR est un label exigeant, divisé en trois parties (transparence – partenariat – cohérence), qui démontre toute l’implication de ses membres. C’est l’incarnation concrète des engagements défendus par l’association. Parce qu’il implique un contrôle (par Ecocert), il assure une transparence et une crédibilité des actions menées et des valeurs défendues. 

Ce qui est très intéressant dans ce label également est qu’il n’est pas figé, il évolue et devient plus exigeant encore avec de nouvelles préoccupations (par exemple en ajoutant un volet changement climatique en 2019 avec des mesures de compensations carbones obligatoires). Cela montre non seulement un engagement, mais aussi un dynamisme des membres ATR, qui ne se contentent pas d’être responsables à un moment donné, mais agissent pour toujours être dans une démarche de progrès.

  • Y-a-t-il des thématiques ou des actions qu’ATR ne couvre pas ? Lesquelles ?

Comme l’a mis en avant Gaëlle Oguer, en alternance chez ATR, je pense également que le point d’avancement à avoir pour l’association est la communication.

ATR porte un message fort et ambitieux, qui est utile au plus grand nombre. Communiquer plus largement sur les valeurs et engagements ATR peut servir à intéresser plus d’acteurs du tourisme, des acteurs qui ont déjà peut-être une certaine démarche vertueuse mais qui pourraient être poussés à s’améliorer toujours plus. Il en va de même pour les voyageurs. Informer permet de mettre en lumière les impacts du tourisme, les bons comportements à avoir et les actions à impact négatif qui sont évitables mais encore faut il en avoir conscience. 

Souvent, on est capable d’expliquer rapidement le concept de tourisme responsable, on comprend plus ou moins bien les grandes lignes auxquelles il renvoie ; mais on sait bien moins facilement ce qu’on peut concrètement faire pour agir. Diffuser le message et les bonnes pratiques ATR est utile pour cela. 

 

 3/ Comment agir pour un tourisme responsable ? 

  • Pouvez-vous nous donner un exemple de bonne pratique ?

L’engagement n°5 de la charte éthique du voyageur est « se mettre au diapason des us et coutumes de la destination ». La meilleure façon de s’informer et de découvrir une culture est de s’immerger pleinement dans la vie locale (évidemment, s’informer en amont du voyage sur la destination est une étape essentielle). Pour cela, je recommande tout simplement de se rendre sur les marchés locaux dans chacune des destinations. Découverte des saveurs, produits et plats locaux, des savoirs-faires culinaires, discussions et partage avec les commerçants, participation à l’économie locale etc. sont tout autant de bénéfices à tirer de cette activité. 

  • Comment agissez-vous vous-même personnellement ?

J’ai pris l’habitude de privilégier le train pour tous mes voyages en France, mais aussi en Europe proche, dans la mesure du possible (comme en Suisse ou en Espagne par exemple). Ce mode de transport est non seulement moins polluant mais il est également bien plus agréable et permet de s’immerger dans les paysages avant même l’arrivée au lieu dit du séjour. Sur place, je préfère également découvrir les lieux en marchant, ou en utilisant les transports en commun si la distance est plus importante. Délaisser la voiture au maximum du possible, réduire le rythme et prendre le temps de profiter des lieux et des personnes rencontrées, augmente considérablement la qualité du voyage.

Je compte bien sûr également agir en m’investissant professionnellement pour structurer et véhiculer le message et les bonnes pratiques du tourisme responsable, des actions qui sont utiles à tous, professionnels comme particuliers ; et qui me permettront aussi de m’améliorer moi-même. 

  • Comment voyez-vous le tourisme à l’avenir, en quoi peut-il être plus responsable ?

Le tourisme à l’avenir devra nécessairement être plus responsable, non seulement parce que ses impacts négatifs sont bien trop importants pour être négligés, mais ne serait-ce que parce que cela est nécessaire à son existence même. Le tourisme existe grâce à des aménités naturelles et culturelles, des paysages spécifiques et des populations. Sans eux, pas de tourisme, il est donc obligatoire de les préserver.

La conscience des voyageurs s’éveille de plus en plus, envers notamment l’impact du tourisme sur le réchauffement climatique, sur les conditions de vies des populations locales, sur la dégradation des sites touristiques surfréquentés etc. La part des voyageurs prêts à voyager de façon responsable ne cesse de croître. 

A l’avenir, les questions incontournables autour du tourisme seront notamment la question du sens et du rapport à l’autre. Il faut redonner du sens aux voyages, prendre le temps de s’ouvrir aux cultures, favoriser la rencontre et le partage etc. La question également des transports et de la fréquence des voyages : on n’arrêtera pas de prendre l’avion pour visiter des pays lointains, mais on peut réduire la fréquence de nos voyages lointains et les faire durer plus longtemps, pour une vraie expérience complète, et revaloriser les séjours proches. 

  • D’après-vous, quelles vont être les conséquences du Covid 19 ? Sur la profession ? Sur le monde du tourisme et des TO ?

Je pense que le Covid-19 peut être une opportunité pour le secteur du tourisme, aussi paradoxal que cela puisse paraitre. Une opportunité de se réformer pour le meilleur, d’intégrer dans la conception et le déroulé des voyages les notions d’impacts sur les territoires et les populations. Cette crise a permis d’avoir une réflexion (ou plutôt d’accélérer et diffuser cette réflexion qui n’est en soit pas nouvelle) sur ce qu’est le modèle touristique dominant aujourd’hui, ce qui pose problème dans ce modèle, vers quoi il serait souhaitable qu’il tende etc. Evidemment, tous les acteurs du tourisme ne vont pas changer leurs pratiques du jour au lendemain, cela peut être un processus de long-terme, mais l’enclenchement d’une réflexion est déjà un début prometteur. 

Il y a des demandes de plus en plus fortes des voyageurs pour plus d’authenticité, de respect des populations et de la biodiversité, de traçabilité des produits etc. En bref, un attrait accru pour un tourisme plus durable. La base est là, il s’agit de la structurer par des offres adaptées. Car si un tourisme responsable est évidemment meilleur pour l’environnement et les populations locales, il l’est également pour les touristes dont l’expérience est nettement plus qualitative, et pour les acteurs du tourisme, dont l’activité même repose sur des paysages aujourd’hui menacés.

Enfin, je pense que la crise du Covid-19 a permis de mettre en avant les territoires proches de chez soi, auxquels on ne pensait pas, mais qui sont tout aussi dignes d’intérêt touristique. Souvent quand on demande aux personnes où ils ont voyagé dans leur vie, la France ressort rarement, on met en avant les pays étrangers, lointains. C’est bien dommage car nous avons la chance d’avoir un territoire extrêmement riche de paysages multiples. Même si je ne souhaite pas que le voyage lointain disparaisse, et je n’y crois pas, je souhaite qu’il devienne plus occasionnel, qu’il soit moins fréquent mais plus long, et surtout que l’habitude de voyager en France, plus ou moins proche de chez soi, perdure. 

 

4/ Le voyage et vous

  • Quel est votre meilleur souvenir de voyage ? (Une émotion, une sensation, une rencontre ?)

Mon meilleur souvenir de voyage est FeiLei Fang (飞来峰) dans la ville de HangZhou (杭州). Niché dans la végétation des montagnes Wulin (武林山), il s’agit d’un site naturel et religieux, auquel on peut accéder en bus depuis la ville (Hangzhou est facilement accessible en train depuis Shanghai). 

Des statues bouddhistes sont taillées à même la pierre dans la roche des grottes. C’est je pense l’un des plus beaux endroits que j’ai pu visiter. Il est empreint d’une énergie particulière, et parait si apaisant face aux centres villes chinois si agités. En s’armant de bonnes chaussures de randonnées, on peut monter en haut de la montagne, à travers la forêt, jusqu’au Temple de Lingyin (灵隐寺), un des plus grands et des plus prospères de Chine.   

                               

 

  • Quel est le voyage de vos rêves ou votre prochain voyage ?

La destination de rêve pour un voyage serait l’Islande, un pays dont les paysages naturels me fascinent. 

A court-terme, j’apprécie visiter les pays voisins de la France, facilement accessibles. J’ai ainsi adoré découvrir plusieurs parties de la Suisse et de l’Allemagne. Mon prochain voyage se fera donc surement en Belgique, un pays que dans lequel je ne suis encore jamais allée. 

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