Le voyage bas-carbone : pourquoi et comment ? Retour sur la conférence au Salon Mondial du Tourisme 2024

Le 14 mars 2024, lors du Salon Mondial du Tourisme, Julien Buot (directeur d’ATR) et Léa Bonnand (Responsable des Partenariats Institutionnels chez ATR) ont animé une conférence visant à partager des bonnes pratiques liées au voyage bas-carbone et à présenter les outils du projet européen ATR-E Low-Carbon Travel. Pour l’occasion, cinq invités, membres de l’association et/ou ambassadeurs du projet, sont venus apporter leurs témoignages. 

De gauche à droite : Anne Roberts (GreenTripper) ; Marine Cohen (Reflets d’Ailleurs) ; Patricia Larcher (TravelPro Formations/UMIH Formations) ; Jean-Christophe Guérin (Fika Voyages/Vie Sauvage) ; Cédric Errero (UCPA) ; Léa Bonnand (ATR) ; Julien Buot (ATR)

ATR-E Low Carbon Travel : les outils

Depuis 2 ans, ATR est chef de file d’un projet européen visant à sensibiliser et former les voyageurs et les professionnels au voyage bas-carbone en Europe avec des ressources disponibles en six langues différentes (français, anglais, italien, espagnol, grec, néerlandais). Pour cela, trois outils pédagogiques vont être dévoilés au grand public dans les jours à venir.

Tout d’abord, un MOOC (Low Carbon Travel – The Guide) gratuit disponible sur MyLearningPlace permettra de sensibiliser et former les professionnels des agences de voyage et tours-opérators. Cette formation en ligne se décline en six chapitres :

  • Comprendre
  • Mesurer
  • Réduire
  • Sensibiliser
  • Contribuer
  • S’adapter

Pour chaque chapitre, des fiches thématiques, des vidéos et des quiz seront partagés afin de donner des bonnes pratiques liées à chaque thème.

Ensuite, une application en ligne, Klimaphil, a été conçue, se déclinant en cinq chapitres (Comprendre ; Mesurer ; Réduire ; Contribuer (au sens large) ; S’adapter) pour cinq métiers touristiques (Guide ; Hôtelier ; Restaurateur ; Conducteur ; Manager de site touristique), afin de leurs donner des écogestes à mettre en place dès à présent et facilement.

Enfin, les voyageurs pourront découvrir un jeu en ligne, ludique et éducatif : Clim’act. Ils seront invités à suivre Terra, sur les cinq chapitres suivant : Comprendre ; Mesurer ; Réduire ; Contribuer ; S’adapter. Des mini-jeux, des dialogues, des vidéos, des pop-up bonnes pratiques, … animeront le parcours du jeu. 

Vous aussi vous pouvez devenir ambassadeurs•rices du projet ATR-E ! Vous pouvez tout d’abord suivre le projet en vous rendant sur le site du projet. Rejoignez-vous aussi lors d’une réunion ambassadeurs le jeudi 21 mars à 13h sur zoom, pour cela contactez directement Léa Bonnand !

Les pros en action

L’histoire de Fika Voyages racontée par Jean-Christophe Guérin

Fika a été créée dans une réflexion autour du rapport du GIEC, accélérée par le COVID. L’idée de départ était un site web proposant des séjours sans avion afin de démontrer que mettre l’avion de côté pour une grande partie de leurs voyages était possible.

Sur cette plateforme, nous pouvons retrouver des itinéraires qui existaient déjà, des itinéraires plus nouveaux et des voyages lointains. Pour ces derniers, une obligation a été imposée : faire des voyages longs. En effet, le voyage garde du sens en prenant le temps de le faire comme il faut. C’est pourquoi Fika impose pour les voyages long-courriers une durée minimale de quatre semaines. Cette durée permet de transformer ce voyage en l’expérience d’une vie. À ces voyages s’ajoute toute une réflexion autour du travel and work. 

Indépendamment de la problématique vol, et en lien avec les travaux d’ATR, l’agence a fait face lors de la réouverture du tourisme à des phénomènes de surfréquentation sur certains sites. C’est ainsi qu’avec ADN Tourisme est lancé le premier Challenge des Territoires insoupçonnés, où les Offices de Tourisme français sont amené à mettre en avant des territoires sous-fréquentés (car nous le rappelons : 95% du flux mondial se concentre sur 5% du territoire). Voyager différemment : c’est toute la réflexion qu’a menée Fika Voyages en commercialisant les offres lauréates du challenge. Ils ont fait le pari et l’investissement du temps pour montrer que ce pas de côté peut faire évoluer les pratiques sur le long terme.

Enfin avec Fika Voyages, qui fait partie de la marque Vie Sauvage, Jean-Christophe Guérin et son équipe s’engage depuis 2023 a un plan de décarbonation en valeur absolue : jusqu’en 2034, leurs émissions carbone devront avoir réduit de 4,2%.

« L’avion à hydrogène n’existe pas et sur un horizon à temps court, la seule solution c’est de réduire les flux en diminuant les séjours en avion et en augmentant les séjours proches. » – Jean-Christophe Guérin

 

La nouvelle gamme de voyage de l’UCPA par Cédric Errero

En février 2024, l’UCPA dévoilait sa toute nouvelle gamme bas-carbone, basée sur de l’itinérance en France. La première question qu’ils se sont posés a été sur la signification du « bas-carbone », la réponse a été simple : par rapport aux rapports du GIEC, l’UCPA va diviser par deux l’empreinte carbone des séjours. La deuxième étape a été de tout mesurer (y compris les émissions indirectement liées aux séjours comme le transport du matériel de sport).

La mobilité sur place, d’après Cédric Errero, est souvent ce qui va rendre impossible la réduction carbone des voyages. Il y a un imaginaire autour du voyage bas-carbone qui se limite souvent au trek. Cependant, dans leur gamme de voyage bas-carbone, il existe aussi des séjours kayak, surf, de la micro-aventure comme des séjours de deux semaines, dans des centres UCPA, mais aussi dans des revues de montagnes, en bivouac, en croisière en voilier, …

C’est la révision de leur offre principale qui a permis de créer ces offres bas-carbone en France et bientôt en Europe !

Reflets d’Ailleurs (Marine Cohen) et le cyclo-tour

Depuis leur entrée chez ATR en 2021, Reflets d’Ailleurs s’engage chaque année un peu plus pour un tourisme responsable, jusqu’à obtenir leur labellisation ATR en 2023. Après avoir réalisé leur bilan carbone sur l’année 2021, l’équipe de Reflets d’Ailleurs se rend compte de leur dépendance à l’avion et surtout du poids de ce dernier sur leurs émissions : 90% de leur bilan carbone était dû aux voyages de leurs clients et à l’avion.

Pour réduire leur impact, l’agence a d’abord mis en place des bonnes pratiques simples dans leurs bureaux et vies professionnelles. Sur le long terme, Reflets d’Ailleurs a décidé de revoir son business model pour dépendre moins de l’avion, en recentrant les voyages en moyen-courrier et en développant une offre bas-carbone. C’est ainsi qu’est né le cyclo-tour, qui est un produit lancé en 2023 en Val de Loire. Pour cela, ils se sont associés avec un professionnel du vélo local qui gère les groupes depuis leur arrivée jusqu’à leur départ de la gare. La difficulté avec ce type de produit c’est la logistique, d’où l’importance de leur partenaire sur place qui permet de faciliter le déplacement des bagages et des vélos.

Les trois nuits sont organisées dans des châteaux-hôtels, associées à des activités insolites, afin de faire visiter autrement les châteaux de la Loire, qui subissent pour certains une surfréquentation. C’est pourquoi, les châteaux sont visités grâce au canoë, à la Charrière (un ancien bateau utilisé à Orléans), à travers la dégustation de produits locaux, …

Ce cyclo-tour a un bilan carbone total de 1658kg pour 30 voyageurs. Le plus grand challenge va être de réussir à vendre ces voyages aux CSE et aux groupes, mais aujourd’hui Reflets d’Ailleurs remarque que la totalité de leur séjour ont été vendus.

L’accompagnement des professionnels par GreenTripper (Anne Robertz)

GreenTripper, membre ATR, accompagne les professionnels du tourisme sur le calcul, la réduction, la recherche de bonnes pratiques et de projets de contribution carbone. Il met également à disposition un calculateur pour les voyageurs qui prend en compte l’intégralité du voyage et qui propose ensuite des alternatives aux transports. Le calculateur propose également des ordres de grandeurs aux résultats du calcul (à combien de repas avec viande correspond mon voyage ? À combien d’aller-retour Bruxelles-New York ? …)

La première étape de l’accompagnement est de réfléchir à la réduction des émissions afin de rendre le plan de réduction réaliste. Pour les émissions inévitables, GreenTripper propose des projets pour le climat à financer, ce qui ne réduira pas l’impact direct du voyage mais qui soutiendra d’autres projets de réduction ailleurs dans le monde.

« Quand vous soutenez un objet, faites-bien attention à recevoir un certificat qui trace son versement aux organismes »

 

La formation de TravelPro Formations et d’ATR (Patricia Larcher)

Aux côtés d’ATR, TravelPro propose depuis 2017 un pôle complet de formations dédiées au développement durable afin de faciliter l’engagement des professionnels du voyage, mais aussi celui de leurs clients en répercussion.

Au global, ces formations s’adresse à tous les acteurs du tourisme, et dans le cadre du projet ATR-E, TravelPro intervient dans les projets de formation et notamment ceux concernant le développement durable. Un travail est également réalisé sur le label ATR, et sur toutes les formations, les intervenants sont connectés aux apprenants puisque ce sont des professionnels du tourisme qui parlent de choses concrètes.

Ces formations interviennent au premier niveau en comprenant le rôle de l’apprenant dans le tourisme durable: quelles sont les interférences et interactions entre le formé et les autres et qu’est-ce que chacun peut rapidement mettre en place pour commencer cette démarche ? Petit à petit, TravelPro accompagne chaque formé pour monter les niveaux. Une aide au financement de ces formations est également possible, en vous aidant à trouver les aides proposées par vos OPCO.

 

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