Chaque semaine, vous découvrez un nouveau visage du tourisme responsable sur les réseaux sociaux d’ATR : directeurs et directrices, chargé.es de projets, étudiant.es…

Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir Siméon Baldit de Barral, président d’On the Green Road, une association qui cherche à sensibiliser aux enjeux socio-environnementaux et ouvrir de nouveaux imaginaires via les récits et partages d’explor’acteurs, ces voyageurs du proche ou du lointain partis en quête.

Il a accepté de jouer le jeu de l’interview ATR, on vous laisse donc découvrir son parcours !

 

1/ Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?

Rien ne me prédestinait à me dédier au voyage, si ce n’est un goût de plus en plus prononcé de la découverte en autostop de l’Europe puis de l’Amérique Latine durant mes études d’ingénieur civil. Puis, avec mon cousin, nous avons voulu nous lancer un plus grand défi, pour couronner ceci : ce serait un tour du monde… à vélo ! Avec un documentaire sur l’écologie vue des pays du Sud à la clé. Nous n’avions aucune expérience de la caméra, du vélo ou encore des profondeurs de l’écologie, mais une soif irrépressible de découverte, de rencontres, doublée d’une aptitude à épouser l’inattendu héritée de l’autostop. Au retour, nous sommes allés au bout du long parcours menant au partage, sous forme de conférences, d’expositions photos et d’un long métrage.

L’aventure aurait pu s’arrêter là sans des demandes de conseils venant d’autres voyageurs en partance, et souhaitant profiter de leur périple pour creuser un sujet qui leur tenait à cœur. J’avais l’intuition que leurs récits pouvaient aussi être porteurs de nouveaux imaginaires pour une transition écologique et solidaire. En effet, il est fréquent que le voyage au long cours transforme en profondeur les êtres, leur permettant de réaliser l’ampleur des enjeux sociétaux et environnementaux et d’aller à la rencontre de personnes portant des solutions sur le terrain, puis de partager ces témoignages et cette prise de conscience progressive.

L’association On The Green Road a donc grandi, accompagnant plus de 200 porteurs de projet, leur proposant des formations audiovisuelles adaptées, diffusant leurs récits sous différentes formes (expositions, ciné-discussions, ateliers, …), auprès de différents publics, avec des programmes adaptés : conférence suivi d’une balade locale pour les plus anciens, ciné-discussion et ateliers multiples pour les étudiants, mises en pratique concrète par l’élaboration d’un reportage de quartier pour des jeunes marginalisés, etc. Tous les ans, nous réunissons tous ces aspects durant le Festival du Voyage Engagé.

L’équipe s’est aussi étoffée autour du projet, avec des salariés, tutorant des étudiants en alternance et des volontaires en service civique, et toujours de très actives contributions bénévoles. En tant que président de la structure, je pilote au quotidien ce joyeux navire, expérimente de nouvelles voies, et reste vigilant à garder le cap. Ma boussole : que nos projets intègrent toujours une dimension voyageuse, écologique, et de média citoyen orienté solutions. Et surtout, que l’on parvienne à être sérieux sans se prendre au sérieux. Car ce que j’aime par-dessus tout, c’est que chaque jour on avance sur ces sujets d’importance, tout en échangeant blagues sur blagues… J’essaie aussi de garder la curiosité du voyageur dans mon quotidien, devenu plus sédentaire.

 

2/ Comment agir pour un tourisme responsable ?

En voyageant, j’ai été effaré par les impacts du tourisme, tant au niveau écosystémique que culturel et humain.
Il y a nécessité à démassifier, à permettre à chacun de retrouver l’essence du voyage, qui n’est pas dans la consommation d’un imaginaire déjà mis en boîte, mais dans la découverte, la rencontre, l’altérité, l’inconnu. Véhiculer cette approche du voyage est vital.

Il y a aussi un autre sujet, plus technique, mais pas moins important : décarboner au maximum le voyage. Nous y avons travaillé avec nos explor’acteurs, épaulés de professionnels du tourisme. Et la bonne nouvelle, c’est que ça coïncide avec le fait de retrouver le sens de la découverte dans le voyage, en retrouver l’essence. Nous avons créé une carte du Voyage à Impact Positif (la carte VIP), qui incite chacun à se mettre des limites dans sa pratique du voyage, à voyager moins souvent et plus longtemps. Réservant les destinations lointaines à de rares occasions durant lesquelles l’immersion est longue, on se plonge réellement dans un écosystème, on lui témoigne du respect, et on revient réellement enrichi. A nous de nous donner le temps pour ces découvertes en profondeur. Pour les besoins d’évasion, il y a des destinations bien plus proches qui s’y prêtent à la perfection, et que l’on peut souvent s’amuser à atteindre avec les moyens les moins carbonés, qui souvent ajoutent de l’aventure à l’escapade !

Pour rendre accessibles ces possibilités, nous avons fédéré des acteurs du tourisme respectant ces critères d’aventure à bas carbone et à impact positif (pour le voyageur, pour ses hôtes, et pour les écosystèmes) au départ de Lyon, ville dans laquelle nous sommes basés. Le but est que chacun puisse par là trouver les bons TIPS pour voyager le temps d’un week-end ou de quelques mois, en étant raccord avec ses principes. On l’a donc appelé Réseau TIPS, pour Tourisme à Impact Positif et Solidaire (oui, on aime bien les acronymes farfelus !!). C’est aussi un cercle d’entraide entre professionnels, dont certains sont tous jeunes, nés des confinements, et portent des offres très originales et inspirantes. Ainsi, on avance ensemble.

 

3/ ATR et vous

J’avais beaucoup entendu parler d’ATR par certains acteurs du tourisme membres fondateurs du Réseau TIPS. J’étais impressionné par le travail déjà réalisé, la fédération d’acteurs engagés, la force de conviction politique que cela permet. J’ai eu l’occasion de rencontrer ses membres en chair et en os lors du dernier Séminaire ATR qui se déroulait à Lyon. C’était une joie de discuter avec tous ces acteurs qui avancent vers cette direction commune, avec différentes originalités, tout en faisant du Kayak sur la Saône ou partageant un verre au Bar à Gones !

Plus en profondeur, nous réfléchissons à comment diffuser plus largement cette carte du Voyage à Impact Positif (et toutes les bonnes idées sont les bienvenues !), et la rendre évolutive, interactive, en lien avec une fresque du tourisme en réflexion… Nous qui avons une approche de voyageurs vagabonds, nous apprenons des cadres touristiques qui nous étaient inconnus, tout en apportant peut-être notre pas de côté, notre vision un peu décalée et sauvage.

 

4/ Le voyage et vous

En voyageant ainsi, j’ai peuplé mon imaginaire de souvenirs forts. Il y a les rencontres en stop tellement fortes qu’elles m’ont ouvert à de nouvelles directions de vie. C’est par exemple après 4 jours d’un trip aller-retour à Bratislava que j’ai été pris par une personne qui a été déterminante pour me persuader de partir faire ce grand voyage autour du monde dont je rêvais. Des expériences d’accueil par des villageois dans des confins montagneux alors que nous arrivions fatigués à vélo m’ont aussi marqué. Et je crois que le rapport au territoire permis par le vélo est la chose la plus surprenante : repassant en bus quelques années plus tard par la route par laquelle j’avais grimpé les Andes, je me souvenais de chaque détour, de chaque village. Ayant vécu le territoire, mon imaginaire de cet espace était peuplé de rencontres et d’anecdotes.

J’ai beaucoup rêvé entremêler mes deux modes de transport favoris, avec un vélo pliant, pour sortir des villes ou rouler en montagne, que je rangerais dans sa sacoche pour tendre le pouce et grimper dans une voiture… Mais maintenant que je suis papa, j’envisage encore d’autres options pour voyager en famille : nous déplacer sur un Pino (tandem assis et couché) en bambou, ou conjuguer l’autostop et les transports locaux, en Europe puis en Afrique et au Moyen Orient. Ce serait un voyage au long cours, axé sur les low-tech.

Mais pour le moment, mon principal voyage consiste à mieux s’ancrer sur mon territoire, à le découvrir avec un regard sans cesse différent, en y tissant du lien, découvrant des acteurs inconnus qui le vivifient. C’est aussi de transmettre, en accompagnant d’autres dans cette dynamique, afin qu’ils puissent creuser un sujet passionnant, grandir en le questionnant, puis partager. C’est d’ailleurs une dimension sur lequel on a besoin d’un coup de main, avec un appel à don que je vous invite tous à partager !

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