Chaque semaine, vous découvrez un nouveau visage du tourisme responsable sur les réseaux sociaux d’ATR : directeurs et directrices, chargé.es de projets, étudiant.es…

Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir Geneviève Clastres. Guide-conférencière en Chine, reporter, autrice de livres, guides, ouvrages pour enfants, journaliste… Geneviève c’est une vie bien remplie et une inspiration sans fin, qu’on ne saurait vous résumer en quelques lignes !

Elle a accepté de jouer le jeu de l’interview ATR, on vous laisse donc découvrir son parcours ! Et on lui souhaite également un joyeux anniversaire en ce 25 octobre !

 

1/ Qui êtes-vous ? Que faites vous ?

Si on m’avait dit un jour que je vivrais plus de 20 ans… à Paris. Et là, j’en suis à près de… 25 ans de capitale en solo, duo, puis quatro à présent… mais heureusement dans un arrondissement fantastique, un Paris Village (comme il y en a encore !), le 20e, Belleville, Ménilmontant, les Couronnes, les Envierges, le parc, les artistes, les cours cachées, un quartier populaire où j’ai quand même eu le bon gout, Toulousaine et amoureuse des montagnes et de la marche que je suis, d’habiter rue des Cascades puis rue des Pyrénées.

Comment j’en suis arrivée là ? Je me le demande encore, moi qui ai longtemps eu, en bonne provinciale (alias Ramonvilloise) une défiance envers Paris. La vérité, c’est que c’est encore la faute à la Chine, tout ça. Une année universitaire à Pékin en 1991 et vlan, direction les Langues ‘O, la capitale, je n’en suis jamais vraiment repartie… mais j’ai eu longtemps un terrible bilan carbone ayant commencé à travailler comme guide conférencière en Chine (puis en Asie), puis reporters, auteur de livres, guides, ouvrages pour enfants, journaliste, et j’en passe, j’ai toujours adoré avoir 1000 et 1 métiers et 1000 et 1 vies…

D’ailleurs, finalement, ce qui me définit, ce n’est pas tant un métier que quelques compétences : le chinois que je maitrise à peu près et qui me permet de travailler actuellement avec un extraordinaire dessinateur du Yunnan (Li Kunwu !) ; le tourisme durable que j’ai peu à peu mûri via mon parcours puisqu’on adopte toujours ce qui nous ressemble, et de la Chine, j’ai adopté les campagnes, les paysages, les ethnies du Guizhou, du Yunnan, les petites gens, et tout cela pose bien des questions quand on le fait découvrir à des groupes de touristes armés d’appareils photos et de certitudes à déconstruire… et puis l’écriture, tout type, tout support, pour faire passer des idées, des engagements, des réflexions, tirer des fils et faire des liens, tirer des liens et nouer des idées.

2/ Comment agir pour un tourisme responsable ? 

J’ai bien envie de vous renvoyer vers mes nombreux écrits et articles car depuis quelques temps, j’ai la furieuse impression de me répéter tout le temps… C’est pas simple quand même, quand on écrit sur ce sujet depuis presque 30 ans de voir combien l’histoire se répète et combien le changement est long à advenir. Et donc, vous pourrez retrouver mes réflexions sur « Comment agir pour un tourisme responsable » sur les lignes du portail voyageons-autrement.com mais aussi dans la feuille de choux où j’écris une bonne partie des contenus (mais pas tout !), parfois dans le Monde Diplomatique, et bien d’autres supports et ouvrages que je n’ai pas le courage de citer ici. En ce moment, je commence une collaboration avec Radio France et je suis également ravie de me familiariser avec un média que j’aime beaucoup.

Il y a toutefois une autre forme d’action que j’apprécie de plus en plus et qui fait sens pour moi : donner des cours, des formations ou autres interventions auprès des étudiants pour transmettre un peu de mon expérience et de mes réflexions. J’y trouve beaucoup de plaisir et même un nouvel élan d’optimisme de voir combien la nouvelle génération est souvent bien plus engagée que l’on ne le croit, il faut dire qu’on leur a légué une sacrée planète….  Je me dis souvent, quand je vois mes ados, moi qui suis une enfant des Trente Glorieuses, qu’est ce j’aurais eu envie/le courage de faire avec une actualité quotidienne aussi lourde. Bref, agir pour le Tourisme Responsable, c’est aussi et surtout parler avec les jeunes, et ça tombe bien, j’adore ça.

Quant à ma vision du tourisme à l’avenir, je pense qu’elle est assez simple. Il faut absolument continuer à voyager, à se déplacer, à se parler, à se rencontrer. Certes, on le sait, il faudra trouver une équation type « – loin + plus souvent », « + loin – + longtemps » mais vous voyez, les + restent dominants 😉 . Pour l’heure, personnellement, je privilégie la France, la marche à pied, les extérieurs (montagne, mer, campagne, villages). Une chose encore, que je dis souvent à mes étudiants : soyez curieux, posez des questions, intéressez-vous aux autres. L’indiscrétion est un vilain défaut, la curiosité la première porte que l’on ouvre sur le monde. (à mon sens). Et là j’arrête parce qu’en fait, je pourrais disserter des heures ainsi.

3/ ATR et vous

ATR, je l’ai connu bébé, j’avais même réalisé un article en 2002 pour Une Lettre de l’Environnement qui ne doit plus exister aujourd’hui. Je me souviens d’un échange avec Christophe Leservoisier au Trocadéro, de l’AFIT qui est devenu Atout France, de ces membres fondateurs qui presque tous tombés un à un dans le girons de Voyageurs du Monde (avec qui j’avais réalisé en 2000 mon 1er ouvrage sur le Tourisme durable – « Aux Voyageurs du Monde » – Collector), des interrogations avec Julien Buot, leur infatigable coordinateur post Sandrine Bot, Julien avec qui je partage aussi bien des histoires et des complicités Transversales (il comprendra) et qu’ATR a bien fait de garder précieusement.

Les années sont passées, ATR a grandi, bien grossi, réussi sa diversification, compte des membres très attachants et très sincèrement engagés. J’ai été très honorée l’an dernier de participer à leur séminaire de Granville, d’autant que c’était la dernière année de présidence de Vincent Fonvieille, un homme remarquable, un montagnard, qui a su donné à cette association son aplomb et ses sommets. Et c’est formidable que ce soit Antoine Richard, qui représente si bien la jeunesse et l’enthousiasme, qui prenne le relais. La Balaguère, Double Sens, ce sont aussi de magnifiques histoires et de belles maisons.

Bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup d’affection pour ATR, je souhaiterais toutefois que l’association aille parfois plus loin sur certains engagements. Peut-être travailler plus sur le volet du social, sur les offres pour tous les publics, dont les plus précaires, se rapprocher des CSE (certains le font déjà !), peut être aussi réfléchir aussi à certaines destinations où il est important de mieux informer les visiteurs, je pense à la Papouasie Nouvelle Guinée et au massacre des Papous dont personne ne parle dans la Papaousie Occidentale voisine. Et puis s’inspirer les uns des autres (si ce n’est déjà le cas), Nomades, Trophées Horizon du Tourisme durable pour avoir proposé le train pour l’exemple de ses voyages en Europe, pourrait être copié. Il y a là un véritable sujet, sur les voies d’amélioration, le train, l’avion quand et comment. Mais Julien y veille aussi avec beaucoup d’attention.

4/ Le voyage et vous

Quelques souvenirs de voyage ? Avoir partagé la vie d’une famille diola en Casamance et être devenue Fatoumata le temps d’un été, le temps des fêtes d’initiation des jeunes, des bois sacrés, des maniocs à planter ;  puis m’être mu en Miao dans un village des confins du Guizhou et avoir partagé d’incroyables fêtes et rituels, un tournois de basket, un bain fumant dans un immense paquet en bois ; avoir dormi dans des lieux aussi étranges qu’un parking gitan à Madrid, un appartement décalé du Bronx, une casa particular à Trinidad, des jours et des nuits dans des trains en Chine quand il fallait 52 heures pour rejoindre le Guizhou depuis Pékin en siège dur, des heures et des heures de bus dans les campagnes chinoises à dévorer des paysages extraordinaires tout en laissant passer les troupeaux, les inondations, les routes cassées, défoncées, jusqu’à cette route de la Soie où nous sommes restés bloqués deux jours dans le désert avec Jojo la Pastèque, jusqu’à ces chemins de St Jacques ou les coïncidences s’enchainent à mesure que l’on marche, où l’on réalise que l’on vient de passer 4 nuitées dans des gites et refuges en compagnie d’un sinologue rencontré alors et pas reconnu, l’avantage aussi de perdre les visages, les mémoires, les physionomies, pour faire de chaque jour une nouvelle aventure. Alors, le prochain voyage ? Toulouse. Tout simplement.

De Djibouti à la Baie du Mont St Michel, tj les pieds dans la boue 😉

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