ATR donne la parole aux acteurs du tourisme responsable
Anne, responsable de l’agence bolivienne partenaire de Tirawa, nous livre son témoignage sur sa vision du tourisme resposable en général, et d’ATR en particulier. Mais aussi sur ses plus beaux souvenirs et ses rêves de voyages…
En tant qu’agence locale bolivienne, réceptive de Tirawa, à fortiori dirigée par des Français, nous nous devons de contribuer au développement économique du pays dans un esprit respectueux des cultures. Pour cela, nous avons plusieurs lignes de conduite, en assurant des conditions de travail dignes et équitables à nos partenaires. Nous offrons à tous une rémunération équitable, car chacun doit vivre décemment. Les salaires doivent donc être réajustés tous les ans, suivant l’évolution du coût de la vie, mais suivant aussi l’évolution de notre entreprise et de ses résultats. Notre but est d’obtenir un véritable partenariat basé sur la confiance et le respect mutuel. En contrepartie, nous sommes exigeants sur la qualité, la rigueur et la disponibilité dans le travail.
Nous offrons des conditions de travail respectueuses des individus. Nous ne réalisons pas des circuits irréalisables, éprouvants pour tous, pour vendre à tout prix et faire plaisir aux clients au delà du raisonnable. Les journées en 4×4 doivent être réalisables et permettre aux chauffeurs de travailler en toute sécurité. Les frais des chauffeurs et guides sont pris en charge. Les guides dorment dans les mêmes hôtels que les clients. Pour les treks en montagne, les sacs ne doivent pas dépasser 15 kilogrammes, par respect pour les porteurs d’altitude. Nous appliquons un cadre contractuel respectant les lois boliviennes pour les prestataires saisonniers et comprenant des avantages et prestations sociales (assurance vie, sécurité sociale, treizième mois). Nous développons un programme cohérent et utile de formations : premiers secours, formation spécifique aux problèmes liés à l’altitude, langues étrangères, cuisine, …
Nous respectons et faisons respecter avec gentillesse, les coutumes et traditions de nos hôtes. Les guides sauront, le cas échéant, conseiller les voyageurs lors de leurs rencontres avec les populations. Nous favorisons un système de micro-crédit (intérêt 0%), important dans un contexte de pays en développement pour permette à nos partenaires certains achats essentiels (équipement, études des enfants, véhicule). Nous permettons à chacun de nos partenaires de bénéficier d’une répartition juste du travail grâce à un planning équilibré des services.
Nous respectons l’environnement. Nos équipes sont sensibilisées à la protection du milieu naturel. Nous descendons les déchets au retour des treks. Les guides et les chauffeurs font de même, et encouragent les touristes à les imiter, lors des circuits classiques et expéditions 4×4. Ils veillent à ce que les lieux soient laissés propres. L’objectif est de faire découvrir ces espaces naturels tout en pensant au lendemain et en cherchant à préserver ces paysages intacts. Nous investissons dans des reconnaissances terrain afin de développer de nouveaux concepts et apporter des alternatives économiques au travail dans les mines. Nous créons des circuits nouveaux élargissant ainsi l’offre touristique, l’objectif étant de permettre aux guides d’en vivre mieux. Nous allons à la rencontre de communautés peu connues souhaitant développer des services de tourisme communautaire (Qala Uta, Luribay, Livichuco, Quiquibey,…).
Nous finançons des explorations en montagne afin de proposer des circuits nouveaux, diversifiant ainsi l’offre et permettant aussi aux guides de trek et montagne de découvrir d’autres régions ou sommets de leur pays. Nous avons impulsé ce goût de l’exploration depuis 2011 et sommes allés à la découverte de sommets peu connus ou inconnus de nombreux boliviens. Les guides boliviens sont des hommes discrets, humbles et entiers, qui culturellement n’ont pas conscience de leurs valeurs et compétences. Jusqu’à présent, pour eux, ces explorations étaient réservées aux alpinistes étrangers. En outre, les boliviens ont un rapport particulier avec ces hauts sommets. Ils n’y vont pas pour la beauté des paysages ni pour le plaisir. Les guides de haute montagne boliviens n’ont donc pas une position facile au regard des coutumes andines. D’une certaine manière, ils profanent des lieux sacrés et vont à l’encontre de leurs coutumes et traditions. Mais grâce à cette nouvelle dynamique impulsée, ils partent désormais ouvrir eux-mêmes des voies nouvelles. Un guide de haute montagne, Sergio Condori, a ouvert en décembre dernier une nouvelle voie sur la face Sud de l’Illimani et est nominé aux piolets d’or 2014.
Les démarches dont nous sommes les plus fiers ? Cette nomination aux piolets d’or de Sergio Condori. Cette face sud est un projet que j’ai initié en 2013 avec lui. Nous rêvions alors de pouvoir présenter un projet aux piolets d’or. L’autre action est aussi cette expédition réalisée en mai 2013 avec les guides dans la Cordillère Apolobamba, « A Chacun son Thaki ». Ce fut un gros projet en temps et en investissement. Mais il a permis de sortir un film qui est projeté en France depuis plusieurs mois et permet de faire la promotion du pays et les compétences de ses guides. L’autre action forte est un livre que je suis en train d’écrire. L’idée est de promouvoir la Bolivie et l’aider à développer son offre touristique. Mais aussi et surtout, tout l’argent récolté pour l’écriture de ce livre sera reversé à deux entités : l’association de guides de haute montagne en Bolivie et une donation sera aussi faite pour les enfants des écoles de la Cordillère Royale. L’idée directrice est de sensibiliser les enfants à la protection de l’environnement. Nous souhaiterions acheter des livres traitant de ce sujet et réaliser un travail de fond de sensibilisation.
Le référentiel ATR permet de donner un cadre, des lignes de conduite aux TO français afin de bien choisir leurs réceptifs. Ils sont censés choisir des agences qui respectent certaines valeurs et qui sont respectueuses des cultures et traditions du pays. Si Tirawa travaille avec nous, c’est que nous collons aux exigences de ce référentiel. C’est plutôt bon signe !
J’ai beaucoup de beaux souvenirs de voyage. Je ne saurais dire lequel est le plus beau ! Je garde un souvenir très fort des explorations faites avec les guides ici en Bolivie et notamment celle à l’Apolobamba. Ce fut une aventure humaine extraordinaire, de partager ensemble cette exploration terrain, un mélange de challenge sportif et de parcours initiatique. J’aimerais organiser une expédition au Népal avec les guides boliviens afin de réaliser avec eux un sommet à 8000 mètres d’altitude.
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